Descente dans l'histoire : le monde souterrain caché de Naples

Lindsey Hall

La Descente : 132 pas vers le passé

« Il y a 132 marches », m'a dit le guide en les gravissant. Nous bavardons, ayant au moins deux fois son âge, mais je suis conscient de mon manque de forme physique. Je suis légèrement essoufflé en atteignant le sommet. 132 marches qui nous avaient fait descendre 40 mètres sous les rues de Naples une heure environ auparavant.

Ces chiffres racontent une histoire à eux seuls, chaque pas étant un voyage dans l'histoire, chaque mètre une couche de civilisation construite sur la civilisation. Les rues modernes et animées de Naples nous ont soudain semblé à des années-lumière alors que nous descendions dans ce royaume caché qui existe sous les pieds de la ville depuis des millénaires.

Une merveille d'ingénierie romaine : bâtir sur des fondations grecques

En explorant les aqueducs et les citernes sous Naples, creusés par les Romains à l'époque d'Auguste en utilisant les carrières ouvertes par les Grecs avant eux, on est toujours impressionné par l'ingéniosité de leurs travaux. Maîtres ingénieurs, les Romains ne sont pas partis de zéro ; ils ont bâti sur les fondations posées par leurs prédécesseurs grecs, développant et perfectionnant ce qui existait déjà.


Faisant partie du système d'aqueducs qui enjambait la baie de Naples et comprenait des structures telles que l'Aqua Augusta et la Piscina Mirabilis, ces réseaux souterrains constituaient l'un des systèmes de gestion des eaux les plus sophistiqués du monde antique. L'ampleur de ce projet est impressionnante lorsqu'on sait qu'il ne s'agissait pas d'un simple projet local, mais d'une vaste infrastructure alimentant en eau toute la région.


Le coût humain de l'ambition ancestrale

Vous pensez aussi aux pauvres esclaves qui ont sans doute peiné à creuser tout cela. À l'extérieur des citernes, il faut souvent se baisser ou marcher de côté pour emprunter les étroits canaux où autrefois les humains peinaient et où l'eau coulait. L'exiguïté des espaces en dit long sur les conditions de vie de ces ouvriers ; des espaces si exigus que les visiteurs modernes peinent à s'y déplacer confortablement.


En parcourant ces tunnels, on ne peut s'empêcher d'imaginer les innombrables heures de travail acharné nécessaires au creusement de chaque chambre, de chaque passage. Les murs lisses et la précision de l'ingénierie témoignent non seulement des prouesses techniques romaines, mais aussi de l'endurance et du sacrifice humains.


Deux millénaires d'utilisation continue

Ce n'est que près de 2 000 ans plus tard que ces systèmes souterrains furent entièrement abandonnés. Imaginez un instant : ces tunnels et citernes ont rempli leur fonction pendant deux mille ans. Ils ont survécu à l'Empire romain, à la chute de la civilisation, aux invasions et aux occupations, et ont continué à fournir des services essentiels aux Napolitains au Moyen Âge et au-delà.

Cette longévité témoigne de la qualité de l'ingénierie romaine, mais aussi du besoin fondamental de l'homme de disposer de sources d'eau fiables. Génération après génération, on a trouvé des moyens d'entretenir et d'exploiter ces réseaux souterrains, en les adaptant à l'évolution des besoins et des circonstances.

Des aqueducs antiques aux abris de la Seconde Guerre mondiale

Certains de ces tunnels ont servi d'abris antiaériens pendant la Seconde Guerre mondiale ; les lits et les jouets d'enfants font désormais partie intégrante de l'histoire de ce monde souterrain. Ici, dans ces anciennes chambres romaines, les familles se rassemblaient lors des bombardements alliés, cherchant refuge dans des espaces qui avaient déjà abrité l'activité humaine pendant près de deux millénaires.


La juxtaposition est saisissante : des jouets d’enfants dispersés dans des pièces autrefois remplies du bruit de l’eau courante, des lits placés là où les ingénieurs romains allaient autrefois inspecter leur travail. Ces artefacts des années 1940 sont devenus des objets historiques à part entière, ajoutant une nouvelle dimension au palimpseste de l’histoire souterraine de Naples.


Réflexions sur les histoires cachées

Debout dans ces tunnels, à 40 mètres sous les rues animées de la Naples moderne, on réalise l'ampleur de l'histoire qui se cache littéralement sous nos pieds. Chaque ville a ses histoires cachées, mais peu d'endroits rendent le lien entre passé et présent aussi tangible que le monde souterrain de Naples.


L'acte physique de descendre ces 132 marches devient une métaphore d'une plongée plus profonde dans la compréhension ; chaque pas vous éloigne de l'instant présent et vous rapproche des échos des voix anciennes. L'essoufflement à la remontée rappelle la réalité physique de ce voyage à travers le temps.


Ces espaces souterrains nous rappellent que l'histoire ne se résume pas à ce que l'on lit dans les livres ; c'est quelque chose que l'on peut toucher, traverser et expérimenter avec tous nos sens. L'air frais, l'écho des pas, la façon dont la lumière joue différemment dans ces chambres souterraines, tout cela contribue à une compréhension viscérale du passé qu'aucun manuel ne peut offrir.


L'histoire continue

Alors que nous réapparaissions dans les rues de Naples par la fraîche et sombre soirée de mars, la ville semblait quelque peu différente dans le crépuscule qui s'installait. Savoir ce qui se cache en dessous change notre perception de la surface. Chaque coin de rue devient une porte d'entrée potentielle vers l'histoire, chaque bâtiment une strate de l'histoire continue de l'habitation humaine.


Le monde souterrain de Naples continue de révéler ses secrets aux archéologues et aux historiens. Chaque fouille révèle de nouveaux chapitres, de nouveaux témoignages sur la vie, le travail et la survie des habitants de cette cité remarquable. L'histoire, commencée avec les carrières grecques et les aqueducs romains, continue de se dévoiler, enrichissant un récit historique déjà riche. Ces 132 marches ne sont pas seulement un voyage physique ; elles sont un voyage à travers le temps, nous connectant directement à l'ingéniosité, à la lutte et à la résilience de ceux qui nous ont précédés.


Expérience du 24 mars


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Naples’ Hidden Underground World
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1 commentaire

Who knew? Thanks for the info!

Andrew Blake

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